14 février 2010
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La saudade a parfois des façons étranges d'arriver…
En ouvrant l'œil ce matin, j'étais bien décidée à me mettre sans plus tarder au travail. Il neigeait à nouveau, cette virginité serait propice pour attaquer un passage délicat du texte que je tricote depuis des jours.
J'ai donc couru à la cabane pour allumer le chauffage et je suis rentrée pour me faire un café. J'ai donné à manger au chat et, à moitié endormie encore, j'ai siroté mon premier café en écoutant la radio.
Un couple racontait son voyage à vélo, en tandem, en Amérique latine. Ils disaient comment ce voyage avait changé leur vie, comment ils étaient revenus différents, plus préoccupés à vivre la vie, plus simplement et profondément.
En regardant la neige tomber, je pensais à mon pays, à mon continent. Et de fil en aiguille, à ma famille qui y vit. Ma mère, hier, m'a dit qu'il faisait très chaud. La radio a enchaîné sur une vieille chanson: "I love just the way you are" de Billy Joel. Et voilà que je me mets à pleurer dans mon café !
Cette chanson date de 1977 —oui, je sais, les Temps d'Avant, quoi— , je l'écoutais en boucle, la tranquant sur les ondes dans la voiture qui m'amenait tous les matins au Lycée Pasteur de São Paulo. J'avais 16 ans. Pourquoi, à cet âge là, la musique est-elle si vitale? Peut-être parce que les artistes disent, sans pudeur, ce que nous ne pouvons pas dire à cet âge là. Ou même après! Qui a le courage de déclarer : "I said I love you and that's forever"?? Alors qu'à 16 ans, c'est exactement ce que l'on sent quand on aime: que c'est pour toujours…
La saudade… Cette mélancolie douce amère… Un manque, une absence qui nous remplit…
Saudade de quoi? De cette voitue filant vers le lycée avec cette fille de 16 ans qui cherchait une chanson sur la radio tandis que ces frères la taquinaient en imitant le chanteur et que sa seule envie était de les tuer. Pff…On est: trop incompris à 16 ans. Je me souviens de mon adolescence comme d'une drogue qui exacerbait tout: les sentiments, les peines, les désirs. Comme d'être toujours en train de descendre la pente de la grande roue, quand ça fait des frissons dans le ventre.
Cette chanson m'a fait penser à ma mère. Ma mère qui, quand je suis partie, 10 ans après, en mettant un océan entre nous, a retrouvé un jour une cassette —vous savez, ce petit machin carré où se déroulait une bande magnétique— dans mes affaires laissées là-bas. Une cassette où j'avais enregistré mes chansons préférées. Des trucs paléolithiques comme "Follow you follow me" de Genesis, "Good bye stranger" de Supertramp, "My sweet lord" de Georges Harrisson, "Stairway to heaven" de Led Zepp et " I love you just the way you are" de Billy Joel.
Ce jour-là, avec la cassette, la saudade a attrapé ma mère et l'a tenue serrée dans ses bras comme elle sait le faire. Elle me l'a raconté bien plus tard et sur le moment, cela m'a plus irritée qu'émue. C'est fou comme l'apprentissage de la tolérance est long. On comprend un tas de choses sur sa mère lorsqu'on devient mère à son tour…
En regardant la neige tomber et en écoutant Billy Joel me jurer "I just want someone that I can talk to", j'ai pensé à cette femme qui pleurait de saudade de sa fille partie de l'autre côté de l'Atlantique. Elle a toujours été quelqu'un à qui je pouvais parler —même si je ne lui parlais pas. Et j'ai pleuré de saudade d'elle…
Une saudade en entraîne toujours une autre.
Comme les mots et les idées…
Que je vais maintenant, larmes essuyées et munie de ma douzième tasse de chococaf, rejoindre dans la cabane !
à bientôt
P.A.
* Pour une belle définition de "saudade": http://www.portugalmania.com/saudades.htm
Just the Way You Are
Billy Joel
Don't go changing, to try and please me
You never let me down before
Don't imagine you're too familiar
And I don't see you anymore
I wouldn't leave you in times of trouble
We never could have come this far
I took the good times, I'll take the bad times
I'll take you just the way you are
Don't go trying some new fashion
Don't change the color of your hair
You always have my unspoken passion
Although I might not seem to care
I don't want clever conversation
I never want to work that hard
I just want someone that I can talk to
I want you just the way you are.
I need to know that you will always be
The same old someone that I knew
What will it take till you believe in me
The way that I believe in you.
I said I love you and that's forever
And this I promise from the heart
I could not love you any better
I love you just the way you are.
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