31 AOÛT 2020
Lectrices, Lecteurs…
C’est le début de la semaine, la fin du mois. Je m’assieds à mon clavier, après avoir fait mes pages du matin, avant de commencer à travailler, dans l’idée de vous écrire un mot pour bien commencer cette semaine. Alors même que je ne sais pas encore de quoi je vais vous parler, les mots s’inscrivent : début… fin…
Le temps… Quand j’étais jeune étudiante en Histoire, je voulais faire une thèse sur le temps, les représentations du temps, la symbolique du temps, la poétique du temps. Linéaire, circulaire, quantique…
La seule question n’est-elle pas: que faire du temps qui nous est imparti ?
Tiens, je viens de taper sans le vouloir le symbole de l’éternité sur mon clavier : ∞ Jolie synchronicité !
Le temps est un élément essentiel dans le processus d’écriture. En particulier, pour Les Eveilleurs. D’aucuns pensent que je mets « longtemps » à écrire cette saga. Ou même que j’écris lentement. Il n’en est rien. En réalité, ce récit porte en lui une temporalité propre que je découvre au fil du travail.
Les Eveilleurs ont déferlé sur moi, en moi, un jour de pluie à Paris, en 2000, alors que je courais derrière un bus. Ils ne m’ont pas lâchée depuis. Pas un jour ne s’est passé, même au milieu des tempêtes, sans que je pense à ce récit, aux personnages, que je ne l’écrive d’une façon ou d’une autre.
En 2006, j’ai commencé à y travailler à temps plein. En 2009, est paru le 1er tome,« Salicande ». En 2010, le 2ème tome, « Ailleurs ». En 2012, le 3ème tome « L’Alliance ». En 2013, le 4ème tome, « Le Passage ».
Dans ce même laps de temps, sont parus des romans plus courts: « Gabriel et Gabriel »; « L’Arbre à l’envers », et « L’Odalisque et l’Éléphant » en 2014.
Ainsi, 7 livres sont parus en 6 ans. Mais ils n’ont pas été écrits en 6 ans. Le rythme des parutions n’est pas celui de l’écriture. Qui n’est pas celui de la lecture.
L’écriture ne se résume pas au temps que l’on passe à bâtir une intrigue, à former des phrases, à forger des chapitres… Le temps de maturation des idées, la métamorphose des idées en mots, l’alchimie entre les personnages, la construction des lieux, comporte une part essentielle de travail inconscient, de préparation émotionnelle, de rêveries, de rêves… Autant d’éléments non quantifiables.
Aujourd'hui, pour Les Eveilleurs, j'ai conscience d'avoir imposé à mon éditeur et à mes lecteurs un temps particulier, celui de ce récit particulier. Ce n’était pas une volonté de ma part, un plan, une stratégie ou que sais-je. C’est simplement ainsi que le récit s’est présenté à moi et s’est développé.
Oui, j'écris l'histoire, j'en écris chaque mot, je réfléchis à chaque virgule, je déroule chaque action, j’écoute chaque dialogue, je vois chaque paysage, je suis chaque personnage. Oui je peux faire naître ou gommer un personnage d'un trait de plume. Non, je ne possède pas le contrôle absolu de mon processus d'écriture. Je ne le soumets pas. Il ne me soumet pas. Je ne le plie pas aux aléas commerciaux, éditoriaux. Je ne le fais pas chanter selon l’air du temps mais selon la musique que tissent les personnages.
Nous travaillons ensemble, dans un respect mutuel, fait d’émerveillement, de surprises, de jubilations. Un processus organique d’inspiration et de transpiration, d’enthousiasme et de découragement, de foi et de doute. Une relation à la fois magique et naturelle qui ne va pas sans heurts et certainement pas sans un travail acharné.
Le temps du processus créatif est singulier, particulier à chaque auteur et à chaque récit. Il est à la fois linéaire et circulaire, poétique et symbolique. Quantique !
Il m'arrive d'écrire des scènes, des dialogues, des descriptions qui ne trouveront leur place dans le récit que des mois et, parfois, des années après.
J'ai, ainsi, écrit des pans des derniers volumes des EVEILLEURS en rédigeant les tomes précédents. J’ai repris, ces derniers mois, des audios enregistrés en 2013 pour la fin des Eveilleurs. Je sais toujours quand il s'agit d'étapes qui viendront "après », même si je ne sais pas exactement quand cet « après » prendra sa place dans le fil du récit. Je le sens, c'est tout. Il est très rare que ces textes "prescients" ne trouvent pas leur place, le moment venu.
Le tome 5 des Eveilleurs aurait dû paraître en 2016. Mais sont arrivées les tempêtes qui n’en font qu’à leur tête. Je ne contrôle pas le temps. Je ne peux que décider de ce que je veux faire de celui qui m’est imparti. La réponse est inscrite en moi depuis l’âge de 10 ans. Je veux écrire.
Je continuerai à écrire cette histoire jusqu’à ce que les personnages ne murmurent plus à mon oreille sous la douche, jusqu’à ce que les Vifs ne dansent plus dans mes rêves, jusqu’à ce que les paysages ne se superposent plus à celui que je vois par la fenêtre, jusqu’à ce que je n’aie plus mal au ventre, les jours où je n’écris pas Les Eveilleurs.
Les récits ont besoin de pauses, de respirations, de silences, d’enthousiasme, de rêves, de désir, de foi. Les récits, ainsi que les hommes, ont besoin de temps.
Que le temps vous dure longtemps ! ∞
P.S. Vous avez recommencé à revenir sur ce blog et à m’écrire. Merci merci merci…
Jérémy 19/09/2020 10:03
Frédéric URBANI 12/09/2020 10:26
Pauline Alphen 01/10/2020 12:58
Valériane 05/09/2020 14:42
Pauline Alphen 05/09/2020 17:28
Pauline Alphen 05/09/2020 17:13
Isa 02/09/2020 09:51
Pauline Alphen 05/09/2020 17:19
Sylvie 02/09/2020 09:10
Pauline Alphen 05/09/2020 17:23