Lectrices, Lecteurs, je vous salue !
J'ai écrit le JOUR 11 du Journal d'une Nomade de l'Écriture en mai 2018.
Le temps va comme il veut et non comme nous aimerions qu'il aille.
Qu'importe ! Aujourd'hui, je reprends ce blog grâce à une réjouissante et émouvante conversation avec Tom, lecteur historique des Éveilleurs. Entre autres, nous avons parlé de la temporalité de l'écriture, du temps capitaliste qui nous grignote, de ci et de ça... C'est Tom qui m'a donné envie de reprendre le blog quand il a parlé de son lien affectif avec ce lieu d'échange. Alors, bien qu'il soit plutôt moche —le blog, pas Tom ! — et pas du tout à la hauteur de la qualité de mes lecteurs, il a le mérite d'exister et je suis curieuse de voir combien d'entre vous me feront signe.
Et puis, 94 articles, 53 344 visites et 117 120 pages vues, ce n'est pas rien :)
Au fil de ce journal des petits pas, je partagerai des instants de vie, de temps, de réflexions sur l'écriture et le processus créatif, la lecture. Il serait mensonger que je vous promette des articles réguliers, vous l'aurez compris. J'écrirai de temps en temps, peu ou prou.
Faites-moi signe si cela vous intéresse.
Faites-moi signe tout court.
Vous me manquez tant...
*****
Lire pour être.
A Tom,
celui-ci est pour toi...
Je ne me souviens pas de mon apprentissage de la lecture. Seulement de rentrer de l'école un jour et déclarer :
- « Ça y est, je sais lire ».
- « Ah bon ? Alors qu’y a-t-il écrit sur cette bouteille? »
Je me souviens d’une sensation de fébrilité, d’un sentiment de responsabilité et de la fierté quand j’ai été capable de déchiffrer l’étiquette de la bouteille de vin.
Je ne me souviens pas de quelque chose d’approchant quand l’ai commencé à tracer des lettres. Pour l’écriture, les émotions ne sont pas venues avec la calligraphie mais avec l'écriture de fiction (déjà), un peu plus tard, vers 10 ans. En revanche je me souviens de la concentration, de l’effort pour ne pas faire de pâtés avec l’encre, des cahiers soignés. Un de mes premiers souvenirs d’enfrance (SIC) est la carafe d’encre avec son bec verseur et la trouille d'en renverser quand c’était mon tour de remplir les encriers. Un de mes premiers textes parle de ce sentiment de responsabilité.
J’avais toujours envie de lire. On me le permettait, on me le facilitait, on le comprenait. Alors, je lisais.
Je ne me souviens pas de livres pour « petits ». Je me souviens tout de suite de « L’Iliade et de l’Odyssée » dans la collection "Contes et Légendes", de poésies et de romans pour la jeunesse. Mon argent de poche (5 francs) passait tout entier dans les livres que j’achetais au Bureau de Tabac de mon quartier qui faisait office de librairie. Bibliothèque Verte, Rouge et Or et surtout Safari Signe de Piste C’était loin, j’allais à pieds. J’avais lu un tiers du livre en arrivant à la maison. L’argent de poche n’y suffisait pas.
Alors, ma mère m'a inscrite à la bibliothèque de quartier. C’était encore plus loin, il y avait une grande côte à monter. Mais je pouvais prendre trois livres à la fois et cela valait tous les sacrifices. Et puis, j’ai aussi vidé la bibliothèque du quartier. Donc, je relisais.
Enfant, jusqu’à 13 ans, jusqu’à ce que je parte au Brésil, j’avais un meuble en bois qui faisait le tour de mon lit. Sur le côté, se trouvaient des cases et des étagères pour y mettre des objets. Derrière ma tête, des étagères pour les livres. Ma bibliothèque se trouvait là, derrière ma tête, tous mes livres alignés, rangés par affinités. Quand je n’avais rien de nouveau à lire, je piochais dans ma bibliothèque, au hasard. Je trichais un peu parce que je reconnaissais le livre à sa taille, son épaisseur, la texture e la couverture. Mais quand même, je piochais au hasard, puis je l’ouvrais les yeux fermés, à n’importe quelle page et je commençais à lire. Cela provoquait une sensation d’excitation, de suspens et de retrouvailles. Je connaissais ces livres, je les aimais, j’allais à leur rencontre comme on va à la rencontre d’un amoureux.
Puis, je suis repartie au Brésil. Entre 13 et 16 ans, j’ai exploré la bibliothèque du lycée Pasteur au Brésil. On ne trouvait des livres en français qu’à la bibliothèque du lycée et à la très chère Librairie Française. Alors, j’ai commencé à lire aussi en portugais. Je l'ai fait de façon organisée, maniaque. Quand j’aimais un auteur, quand j’avais cette sensation d’avoir accès à un nouveau monde, je lisais tous ces livres. Tout Virginia Woolf, tout Fernando Pessoa, tout Guimarães Rosa, tout Italo Calvino etc.
Entre 8 et 20 ans, je lisais tout le temps, je lisais comme on découvre, comme on apprend, comme on plonge, comme on nage, comme on se noie parce qu’on sait qu’on va être sauvée (l’histoire va se terminer). Je lisais pour être sauvée. Pour être consolée. Pour sortir du temps. Pour retrouver le temps. Pour rire, pour pleurer. Pour être ailleurs. Pour être.
Que la lecture vous soit fertile !
Prenez soin de vous
P.A.
Michèle 28/08/2020 10:45
Pauline Alphen 28/08/2020 15:04
Camille 27/08/2020 17:05
Pauline Alphen 27/08/2020 20:12
Juliette 25/08/2020 11:53
Pauline Alphen 25/08/2020 12:29
Tom Lévêque 24/08/2020 14:22
Pauline Alphen 24/08/2020 17:26