
6 décembre 2017
Jour 9
D'accord, j'ai manqué à mon engagement de tenir un journal quotidien de l'écriture des Eveilleurs. J'y ai cru à fond pendant huit jours. Avant de réaliser que je ne pouvais que tenir ce journal comme j'ai tenu tous les autres: selon le rythme intérieur. Dans un journal, on écrit parfois tous les jours, parfois plusieurs fois par jour, parfois on n'écrit pas. Comme un récit, comme la vie, un journal est aussi tissé de silence, de vide conscient, de temps.
C'est une explication dont j'ai déjà usé mais elle est sincère : je n'ai pas écrit parce que j'écrivais. Le fleuve des Eveilleurs m'a happée tout entière. J'aurais dû m'en douter. Et vous aussi :)
Des semaines sont passées dans les plans et les scénarii, les notes, la relecture des différents volumes. J'ai eu la sensation de piétiner, de glisser, de m'enfoncer. J'ai toujours cette sensation quand j'attaque un nouveau tome des Eveilleurs: que je m'attaque à quelque chose de plus grand que moi. C'est peut-être vrai de tout élan de création nécessaire: plus grand que nous et en nous. Je sais, aujourd'hui, que ce sont des étapes qu'il faut accepter d'égrener, elles construisent le travail. Pour ce tome 6 en particulier, il y a aussi le défi lancé par l'éditrice. Toujours intéressant d'essayer de se servir des contraintes pour gagner en liberté.
Au fil du travail, les dialogues ont surgi sur le clavier, les personnages ont colonisé les jours et les nuits. Soulagement du retour de la narration. Premier chapitre amorcé. Pour me rendre compte qu'il s'agissait plutôt du second chapitre. Pendant que je n'écrivais pas ici, j'étais comme et avec Blaise dans sa grotte: méditation, notes sur la paroi, jeûne (lui, pas moi), réflexion, structuration, dialogue éclairé avec Athéna. Je viens de passer 15 jours avec Blaise dans sa grotte pour écrire un chapitre qui sera lu en quelques minutes. Beau ! Quand le Mandarin est enfin sorti de la grotte, le récit avait retrouvé son flux, cette musique qu'il faut à la fois écouter jaillir et façonner.
J'ai initié ce blog en 2010 avec une idée en tête: prendre contact avec les lecteurs qui ne comprenaient pas pourquoi ils devaient attendre pour lire la suite de l'histoire, leur dire en quoi le temps de l'écriture et de la lecture étaient différents, les prier de prendre la lecture en patience.
Il y aura ainsi des accélérations, des piétinements, des fulgurances et des doutes. Et cette sensation frissonnante chaque matin: traverser le jardin dans le Temps Blanc, entrer dans la cabane et retrouver ce fleuve mystérieux, être à la fois la barque, le pilote et les flots. Et espérer, à travers la brume et la nuit du Temps Blanc, la promesse de lecteurs à l'horizon.
Pardon à ceux qui se sont inquiétés de mon silence. Merci de l'avoir dit, de toujours m'accompagner.
Prenez soin de vous en ce Temps Blanc, ce temps de passage !
P.S. Le calendrier 2007, épinglé dans la cabane pendant l'écriture du premier tome des Eveilleurs, y est toujours. Athéna endormie.
Emily Daubry 19/12/2017 21:16
Isabelle Salinier 06/12/2017 20:19
Isabelle Salinier 07/12/2017 17:55
Pauline Alphen 06/12/2017 21:36
Sylvie Baussier 06/12/2017 18:26
Claire 06/12/2017 13:30